Cette troupe de théâtre est uniquement composée d’amateurs de tous âges, mais la sélection est draconienne. On doit savoir jouer la comédie, chanter, danser (danse classique et moderne). Nous avons refusé un artiste qui ne dansait pas le hip-hop, il est vrai qu’íl avait plus de 60 ans, mais pour Danielle ce n’est pas une excuse. Le casting de la «star ac» c’est de la roupie de sansonnet à côté de nous et les performances de notre troupe de danseurs et danseuses sont du plus haut niveau.
Nous avons également notre chef informaticien qui réalise la bande son. Chaque matin il remercie les dieux de l’informatique d’avoir inventé la «gomme électronique» car il n’a de cesse de recommencer ses enregistrements qui varient au gré des inspirations de notre metteur en scène.
A ces qualités artistiques s’ajoutent les dons manuels de nos «techniciens de surface», maîtres dans le jonglage avec les chaises, les tables, les estrades ; il est vrai que cette troupe spécialisée est surtout composée d’anciens dont la moyenne d’âge frise les 55 ans. Mais ils doivent leur sélection à leur grande disponibilité et à leurs connaissances dans des domaines divers (charpente, plomberie etc..).
Les costumes sont de la friperie du coin, en ce domaine tout est récupéré, nos petites mains ont quand même beaucoup de travail. Heureusement qu’íl ne faut pas les rétribuer sinon on mangerait la grenouille et la Frétoise sombrerait.
Nous avons des acteurs qui savent tout faire, mais je n’en parlerai pas plus, car íls ont déjà tout pour eux. Je préfère vous parler de ceux qui souffrent en scène et qui malgré tout assurent leurs prestations. Hé oui, certains ont une trouille bleue sur les planches, leurs genoux jouent des castagnettes ce qui rend leur rôle d’autant plus difficile à tenir, car Danielle a horreur que l’on fasse des bruits incongrus sur scène. Mais elle les encourage à la « positive attitude ».
Nous avons également un couple spécialiste des vieux mariés. On les voit sur scène bras-dessus, bras-dessous, assis, debout et même couchés. Avec un peu de perspicacité vous les remarquerez vite car le mari a une grande maîtrise des personnages bibliques.
Quant aux figurants, Danielle essaie de les dompter sur scène. En effet, ils ont une légère tendance à s’agglutiner à une distance respectueuse du devant de la scène, ou à piétiner irrespectueusement «les vedettes».
On ne peut parler de théâtre sans évoquer le son et les éclairages. Sur scène, le technicien du son et ceux de l’éclairage doivent gérer avec le plus grand calme la synchronisation de leurs moyens techniques avec les exigences du spectacle. Délicates manœuvres au demeurant, car d’une part nos « vedettes » n’ayant pas encore affronté le Parc des Princes et ses puissants projecteurs, se trouvent toujours trop éclairées ;
d’autre part les éventuelles pannes de son sont souvent seulement le fait d’un micro non branché !
Notre Président est le speaker officiel. Il s’acquitte de sa tâche avec délectation. Lorsque les accessoiristes ont des ennuis de mise en place, on demande à notre roi du micro de meubler. Ils peuvent alors vaquer tranquillement à leurs occupations, car on ne coupe pas facilement la parole à notre président lorsqu’il a un micro en main.
J’en termine par les décors, où notre dessinateur attitré fait des merveilles, si lui est l’homme de l’art, il doit également gérer une équipe de « barbouilleurs » dociles et obéissants, soucieux de le satisfaire au mieux. Ses apprentis munis de leurs gros pinceaux et vêtus de blouses remplissent avec application les cases désignées par le maître.
En tout cas, l’avantage de cette charmante troupe, c’est qu’elle est pleine de bonne volonté et qu’elle n’engendre pas la mélancolie.